La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 1,9

M
G S
V

À ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon, je te compare, mon amie.

— À ma cavale dans les chars de Pharaon je t'assimilai, mon amie :

Réception

Comparaison des versions

1–15 M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.

  • M = 6,1 // V : 5,17 (dernier verset du chapitre), ce qui explique le décalage dans la numérotation des versets (M :  6,2 // V : 6,1, etc.)
  • M : 7,1 // V : 6,12.

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Contexte

Milieux de vie

6–14 ; 2,13ss Vigne FLORE Vitis vinifera

Vigne près de Nahal Ilan (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Vigne: Gn 9,20 ; 40,9-11 ; 49,11-12 ; Ex 22,4 ; 23,11 ; Lv 19,10.19 ; 25,3 ; Nb 6,4 ; 13,23 ; 20,5.17 ; 21,22 ; 22,24 ; Dt 6,11 ; 8,8 ; 20,6 ; 22,9 ; 23,24 ; 24,21 ; 28,30.39 ; 32,32 ; Jg 9,12.13.27 ; 13,14 ; 14,5 ; 15,5 ; 21,20.21 ; 1S 8,14-15 ; 22,7 ; 1R 5,5 ; 21,1-2.6.7.15-16.18 ; 2R 4,39 ; 5,26 ; 18,31-32 ; 19,29 ; 1Ch 27,27 ; Ne 5,3-5.11 ; 9,25 ; 1M 3,56 ; 14,12 ; Jb 15,33 ; 24,6 ; Ps 78,47 ; 80,9-16 ; 105,33 ; 107,37 ; 128,3 ; Pr 9,12 ; 24,30 ; 31,16 ; Qo 2,4 ; Ct 1,6.14 ; 2,13.15 ; 6,11 ; 7,9.13 ; 8,11.12 ; Si 24,17.23 ;  Is 1,8 ; 3,14 ; 5,1-17 ; 7,23 ; 16,8-10 ; 17,10 ; 24,7 ; 32,12 ; 34,4 ; 35,9 ; 36,16 ; 48,32 ; 63,3 ; 65,21 Ez 15,2.6 ; Ez 17,5-10 ; 19,10 ; 28,26 ; Jr 2,21 ; 5,17 ; 6,9 ; 8,13 ; 12,10 ; 32,15 ; 35,7.9 ; 39,10 ; Os 2,14.17 ; Os 2,14 ; 10,1 ; 14,8 ; Jl 1,12 ; 2,22 ; 1,7Am 4,9 ; 5,17 ; 9,14 ; Mi 1,6 ; 4,4 ; Ha 3,17 ; Ag 2,19 ; Za 3,10 ; 8,12 ; Mt 20,1-2.4.7.8 ; Mt 21,28.33.39-41 ; 26,27-29 ; Mc 12,1-2.8-9 ; Lc 13,6 ; 20,9-16 ; 22,18 ; Jn 15,1-6 ; Jc 3,12 : 1Co 9,7 ; Ap 14,18-20 ; 

Classification
  • Famille : vitaceae
  • Genre : vitis
  • Espèce : vinifera
Localisation

La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242).

Description
  • Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
  • Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
  • Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
  • Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
  • Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
  • Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
  • Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.

     Illustration botanique de la vigne, Müller 

     Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Ernest Köhler, 1887, © Domaine public

Culture
Plantation

Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).

Il existe différentes techniques de culture de vigne :

  • Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre ( Jr 8,13 ; Ha 3,17 ) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10).
  • Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
  • Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
  • La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ; 18,5 ; Jl 4,10).

Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année. 

Récolte et fabrication du vin
  • Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
  • On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
  • Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ; 1S16,20 ; Jdt 10,5). 
  • Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
  • Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
  • Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
  • La vigne elle-même se mange : on faisait cuire les sommités des tiges ou on les faisait confire dans le vinaigre et la saumure (Pline Naturalis historia 14,119). On mangeait salées les pousses de la vigne sauvage (Dioscoride De materia medica 4,181).
Médical
  • Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes . Pline Naturalis historia 14,19.
  • Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23).
  • Il était considéré comme un désinfectant : Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
  • Selon Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir. 
Cultuel
  • Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ; Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) Pline Naturalis historia 14,119.
  • Au Temple le vin servait aux libations sacrées (Ex 29,40 ; Nb 15,5.7.10 ; 28,7-14 ; Os 9,4).
  • Jésus, lors de la dernière Cène fait du vin l’une des espèces  de l’Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23 ; Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
Culture matérielle
  • Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
  • La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
  • 1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda 
  • Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
  • Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée. 
  • Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
  • Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit. 
  • Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée. 
  • Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger. 
  • Mt 21,33-43 ; Mc 12,1-9 ; Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël. 
Sagesse
  • Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits. 
  • Pr 9,2-6 : la sagesse prépare le vin.
Jésus et l'Église
  • Jn 15,1-9 Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église.  
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
  • Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
  • Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ; Jl 1,12).
  • Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles.  
  • Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ; Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
  • Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives. 
  • La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le sang du Christ
  • Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
  • Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
  • A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion.
  • Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux  espèces  de l'Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23-24 ; Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ. 

Réception

Arts visuels

9ss L'envol de l'âme

20e s.

George Desvallières (1861-1950), L'Envol de l'Âme, (Huile et essence sur papier marouflé sur toile, 1925), 116 x 160 cm

Collection particulière, France © Succession Desvallières→

Tableau fait in memoriam, en souvenir d’une personne disparue en 1921. Robert Vallery-Radot décrit la petite aquarelle du même nom en CR 1790 et ne semble pas connaître l’œuvre magistrale et lumineuse, qui représente seulement la partie droite de l’envol de l’ange. Nous avons d’abord cru que cette œuvre, acquise par des amis des Desvallières qui perdirent un fils dans un combat aérien, en 1916, lors de la Grande Guerre, avait été peinte à la mémoire du soldat tombé pour son pays, mais la date inscrite dans le bas du tableau ne peut confirmer cette hypothèse. Il n’en reste pas moins que L’Envol de l’Âme exprime bien ce qu’écrivait Robert Vallery-Radot à propos de l’esquisse CR 1790, « cette acceptation tendre et solennelle de ce qui est. […] La plaine et la colline se recueillent, limpides et vertes, et le petit village tassé près de son clocher écoute l’heure qui sonne ».